Mère Teresa, le P. Thierry-François de Vrégille l'a rencontrée pour la première fois à Rome en 1978. Elle fait partie de ces grandes figures spirituelles considérées comme saintes de leur vivant. Pourquoi une telle aura? Lui qui l'a aussi côtoyée se souvient de quelqu'un de "totalement présent" aux personnes devant qui elle était. En la voyant vivre et prier, il a eu le sentiment d'une femme "très humble". Avant de fonder les Missionnaires de la Charité, elle était enseignante, ce qui a pu forger sa capacité d'écoute.
"Ce qui l'habitait c'était un regard d'attention, de compréhension, d'écoute...
Un regard qui n'avait rien d'intrusif."
Pauvretés spirituelles en Europe
Mère Teresa a fondé en Inde, à Calcutta, les Missionnaires de la Charité, pour venir en aide aux personnes touchées par la pauvreté matérielle. En Europe, ce qu'elle voulait initier c'était un mouvement qui puisse répondre aux pauvretés spirituelles.
Ce projet-là qui n'a pu réellement aboutir, le Père Thierry-François de Vrégille a contribué à le refonder dans le diocèse d'Avignon. Il est membre de La Fraternité de la Parole. Un ministère qui lui a "appris à beaucoup écouter", confie-t-il. "Un regard d'écoute", comme il le nomme: voilà sans doute l'héritage spirituel légué par Mère Teresa.
Canonisation de Mère Teresa, le 4 septembre 2016
Temps fort du Jubilé de la miséricorde, la canonisation de Mère Teresa par le pape François intervient après la reconnaissance en décembre 2015 d’un second miracle qui lui est attribué. RCF se mobilise et vous propose une programmation spéciale.
> VOIR LE DOSSIER
une fidélité au christ dans La nuit de la foi
Le P. Thierry-François de Vrégille a longuement vu Mère Teresa prier. "Elle était intérieuresement centrée sur le Seigneur dans son coeur." Mais non pas à l'exclusion de ce qui passait autour d'elle. On sait aujourd'hui que la "mère de Calcutta" a vécu une nuit de la foi. "Elle ne sentait plus le Christ, elle ne l'a plus entendu, elle ne le voyait plus de l'intérieur, explique le Père de Vrégille, mais c'est toujours lui qu'elle aimait." Cette épreuve de foi qu'elle a enduré une grande partie de sa vie, on en a pris connaissance tardivement grâce aux lettres qu'elle avait adressées à des accompagnateurs spirituels. Sa nuit de la foi avait commencé en réalité dès 1947, c'est-à-dire dès la fondation des Missionnaires de la Charité. Elle l'a vécue comme "une fidélité au souvenir de cette rencontre avec Jésus".
"Mère Teresa disait qu'il faut connaître, aimer, vivre et proclamer la parole." Par "parole" il faut comprendre les Ecritures mais aussi la personne du Christ. Cette formule dit quelque chose de l'intensité de la relation à Dieu qu'avait Mère Teresa. La prière était le lieu charnière de sa vie: pour le P. Thierry-François de Vrégille la religieuse était même "complètement dans la prière." Selon lui, c'est cela qui la faisait aller vers ces hommes et ces femmes qui mourraient seuls sur un trottoir de Calcutta. "Pour elle, le mourrant c'était Jésus."
"Chaque fois que vous l’avez fait à l’un de ces plus petits de mes frères,
c’est à moi que vous l’avez fait."
(Mt, 25, 40)
Cette parole du Christ dans l'Evangile de Matthieu est celle qui, tous les jours pendant 50 ans, a fait vivre Mère Teresa. Elle signifie que Jésus s'identifie à tous ceux qui sont dans le besoin et dans la misère. Un message que la sainte de Calcutta est allée dire aux pauvres, vêtue d'un sari pour se fondre dans la culture indienne - un sari blanc avec un liséré bleu pour porter les couleurs de la Vierge Marie.